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Lizeth Heliandil BG#94

(***petite ellipse temporelle***)

La tempête faisait rage à l’extérieur de l’auberge, mais à l’intérieur, l’animation des lieux avait réchauffé l’atmosphère. Des dizaines de clients riaient, criaient et buvaient, désireux d’oublier l’océan déchaîné au dehors. Des dizaines de marins, de marchands, ou de voyageurs, contraints et consignés dans tous les abris du village.

Uilrandir et moi étions assis dans un coin de la salle, deux pintes de bière intactes devant nous sur la table de bois tâchée et maltraitée à coups de couteaux. Les deux derniers jours que nous avions passés ensemble n’avaient pas été faciles, entre les douleurs liées à l’éloignement du pendentif que j’avais peu à peu supportées à mesure que nous nous rapprochions des voleurs, et l’attitude de l’Elfe, tantôt détachée, tantôt sérieuse.

Nous regardions de temps en temps le comptoir où étaient assis deux personnages habillés de noir. L’un d’entre eux était un Nain et l’autre devait être un Humain. Tous deux avaient le dos vouté, et l’apparence de ceux qui sont restés trop longtemps sur les routes. Le Nain avait un bol de ragoût et une chope de bière devant lui tandis que l’autre discutait avec l’aubergiste. Malgré le brouhaha général, il n’était pas si difficile d’écouter leur conversation.

– Répète un peu ce que tu viens de me dire, mon gars, je crois ne pas avoir bien entendu… demanda l’Humain au propriétaire des lieux, un grand sec à la barbe naissante.

– Je disais que la personne que vous attendiez ne loge plus ici, répondit l’aubergiste en posant le verre qu’il était en train d’essuyer. Elle est partie juste avant que la tempête ne se lève. Une sacrée chance, si vous me permettez de le dire. Ma femme pense même qu’elle pourrait en être la cause. Elle n’a plus toute sa tête.

L’aubergiste dévisagea le Nain qui venait de porter à sa bouche la cuillère en bois avant de faire la grimace.

-Cette personne n’a-t-elle pas laissé un message ? continua le grand, ignorant la scène.
– Maintenant que vous en parlez, oui, elle a laissé quelque chose, répondit l’aubergiste en reprenant son verre en main. Je vais vous chercher cela.

Le brave homme s’éloigna de la table des deux hommes en maugréant quelques phrases que ces derniers ne purent comprendre.

– Palsambleu, je t’en prie, tu pourrais au moins faire un effort ! s’exclama l’Humain.
– C’est immangeable, tu y as goûté ? se plaignit le Nain. Dans ma cuisine, j’en donnerais même pas aux rats.
– Il y a des rats dans ta cuisine ? répliqua l’autre en riant.

Le Nain posa sa cuillère, croisa les bras et regarda son compagnon avec des yeux noirs.

– Ta cuisine te manque ? demanda l’autre, de nouveau sérieux.
– Ma cuisine me manque, Lyanthor.
– Nous sommes d’accord. Mais nous remonterons bientôt à bord de La Serena.
– Entre-temps, ton client nous a posé un lapin, il n’a pas l’air de tenir plus que cela à cette boîte.

L’ami du Nain sortit de son manteau la petite boîte qu’ils avaient volée l’avant-veille. Uilrandir se redressa sur sa chaise. Je l’intimai à la discrétion, maintenant que nous en étions à la partie la plus importante de la soirée. L’objet était taillé dans un bois très fin, sculpté et vernis. Son nouveau propriétaire avait beau le tourner dans tous les sens, aucun loquet ni ouverture n’étaient visibles. Il était pourtant creux et contenait l’objet de tous mes malheurs.

– Que crois-tu qu’il y ait à l’intérieur ? demanda Palsambleu.
– Cela m’est égal, si cela me permet de récupérer ce qui m’appartient. J’égorgerais ce scélérat des milliers de fois s’il m’en était donné l’occasion. Il nous lie les mains dans le dos, et nous mène par le bout du nez, cela me met hors de moi !

Il joignit le geste à la parole et frappa du poing. Un peu de la bière du Nain se répandit sur le bois du comptoir. Au même instant, l’aubergiste revint avec une feuille de papier qu’il tendit à Lyanthor. Ce dernier s’en empara et se mit à lire la lettre. Au bout de quelques secondes, il la replia soigneusement et la glissa dans sa poche. Il jeta alors quelques pièces devant lui, et salua l’aubergiste en quittant son siège. Le Nain termina d’un trait sa bière et se leva à son tour.

– Vous partez ? demanda l’aubergiste, surpris.
– C’est à ça que ça ressemble, oui, répliqua l’Humain.
– Vous devriez au moins rester pour cette nuit, il pleut des cordes dehors, vous allez attraper la mort.
– Pas intéressé !

A peine eurent-ils quitté l’endroit que nous nous levâmes à notre tour, et leur emboîtâmes le pas. Je n’avais aucune envie de retourner sous les trombes d’eau glacées à l’extérieur, mais il était exclu de perdre la trace des voleurs. D’après la conversation que nous avions épiée, il était clair qu’il s’agissait de deux pirates contraints d’agir sous la menace et le chantage. Ils n’en étaient pas moins dangereux pour autant. Nous devions rester sur nos gardes.

En sortant, un rapide coup d’œil au sol boueux indiqua qu’ils étaient partis vers les écuries. Nous longeâmes l’auberge, mais après quelques pas, nous ne vîmes personne devant les portes de la grange où se reposaient les chevaux.

– Les traces de pas s’arrêtent ici, fit remarquer Uilrandir.

J’ouvris la bouche pour dire quelque chose, mais n’en eus pas le temps. Une présence dans mon dos me fit réagir dans la seconde. Je sortis ma dague et parai in extremis un sabre recourbé. La force de l’impact résonna dans mon bras et un cri m’échappa. Je fus désarmée dans l’instant et dus me jeter sur le côté afin d’éviter le coup suivant. J’eus à peine le temps de me retourner et de me redresser, les fesses dans la boue, que la pointe de la lame visait mon cou. Je levai les mains en l’air, la pluie battante fouettait mon visage à découvert. Un peu plus loin, Uilrandir était encore en train de croiser le fer avec le Nain.

– Dis à ton ami de se rendre, ma jolie, me demanda Lyanthor.
– Baissez votre arme, Uilrandir ! criai-je pour me faire entendre.
– Allez ! Dans l’écurie ! m’ordonna le pirate en m’attrapant brutalement le bras.

Uilrandir rangea son épée dans son fourreau et le Nain l’intima à avancer vers l’écurie en le poussant avec sa hache. Une fois à l’intérieur, les deux voleurs nous firent asseoir l’un à côté de l’autre au centre de la pièce. Pendant que Lyanthor nous surveillait, Palsambleu alluma la bougie dans la lampe près de la porte et revint avec un peu de lumière.

– Bien ! s’écria l’Humain. Avant de vous passer au fil de mon épée, je souhaiterais savoir qui vous êtes et ce que vous comptiez faire exactement après nous avoir épiés et suivis.
– Vous avez en votre possession un objet qui ne vous appartient pas ! lança Uilrandir.
– Mauvaise réponse ! s’exclama Palsambleu.

Le Nain frappa Uilrandir au visage. Ce dernier, désorienté, tomba à la renverse. Je l’aidai à se redresser.

– Est-ce que mes questions sont si compliquées ? Alors, qui es-tu, ma belle ?
– Je ne suis sûrement pas votre belle ! rétorquai-je.

Lyanthor se précipita vers moi et me prit par le col de ma chemise. Je pouvais sentir son haleine et sa barbe me chatouiller la joue.

– Je… je m’appelle Lizeth, bafouillai-je. Nous venons récupérer la boîte que vous avez volée !

Tout à coup, le pirate éclata de rire et me relâcha. Palsambleu, son compère, fit de même. Je tentai de calmer les battements de mon cœur.

– C’est vraiment dommage, parce que ça n’arrivera pas, Lizeth, dit Lyanthor – Il sortit alors le morceau de papier de sa poche-. Ce qui est le plus étonnant est que l’on parle de toi dans ce message et qu’on me demande de prendre bien soin de toi, et de tuer quiconque t’accompagnerait.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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